Passage non obligé

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Passage non obligé

la halte du temps qui presse…

BBY serait-il un faiseur de temps ? Nous voici dans le premier acte, Passage non obligé, d’une pièce photographique qui en comporte trois. Un premier acte comme pour saluer l’entrée de l’artiste. La scène s’ouvre par un regard porté sur le regard. Une mise en abyme lancinante et ô combien évocatrice de l’art subtil de la mise en plis du temps !

Chez BBY, le temps est d’abord une halte. Le passage non obligé du temps c’est la halte. Il est ici entendu qu’à un moment donné, cela doit s’arrêter. Ce n’est pas qu’un temps de pose, ou un temps de pause, c’est une respiration, un regard vers une aspiration, une aspiration à autre chose, une chose aussi indicible qu’une halte. Le temps n’est pas qu’une transpiration. La chronologie enivrante du temps renvoie à une mythologie où Chronos dévore avec férocité ses enfants.

Mais, ici, à l’exact opposé se pose la question de ce temps qui prend le temps du temps, le temps qui passe, le temps de s’asseoir, de porter un regard tranquille sur une existence sereine et sans tourment. En un mot, qu’est-ce que ce passage qui ne s’oblige pas à se porter vers la frénésie enivrante de l’époque ? A Chronos, le dévoreur d’enfants, les Grecs avaient proposé la douce scholè, le temps non instrumentalisé, l’otium, vénéré par Montaigne. La scholè est un temps inutile, le temps de l’errance, du retour sur soi-même, de l’introspection, de l’examen minutieux des choses.

BBY est le photographe de la scholè, de l’otium, du passage non obligé vers un monde beaucoup trop rapide pour s’apprécier à la juste valeur de son exquise exaltation. Cette halte célébrée par la scholè demeure un puissant révélateur de ce qu’est en somme la condition humaine, dans son extrême humilité. L’humilité est parfois un pacte avec une vanité qui n’ose afficher ses oripeaux. L’humilité est aussi parfois signe d’un douloureux renoncement, une manière de ne plus paraître au monde. Rien de tout cela ici ! La scholè révèle une sorte d’humilité guerrière et apaisée. Une halte qui s’affiche comme une manière éhontée de s’affirmer dans le monde, dans la juste mesure de ce qui doit être, sans fioriture. Chez BBY, la halte devient l’énergie guerrière de la tranquillité, la puissance sereine d’une existence exempte de troubles et qui s’assume.

Par-delà les mots qui peuvent toujours travestir la réalité du monde, les images de BBY dessinent le portrait d’un monde porté par l’affirmation d’une attachante individualité. Car le temps renvoie à ce qui pourrait constituer le fondement même de l’être. La mélodie du temps se joue comme le rythme cardiaque d’une existence accomplie. En somme, chez BBY la halte résonne comme un tempo suffisamment abouti pour nous renvoyer à l’éternelle question du pourquoi de notre existence.

The GonZo Man

Supports

Tirages N&B sur papier barythé argentique d’après fichier
Dimension du 70 x105 cm au 30x45
Finition : collage sur Dibon




Passage non obligé

The pause of time that presses…

Could BBY be a maker of time? Here we are in the first act, Passage non obligé, of a photographic play that consists of three acts. A first act to greet the artist's entrance. The scene opens with a gaze directed at the gaze. A haunting mise en abyme and oh so evocative of the subtle art of folding time!

For BBY, time is primarily a pause. The optional passage of time is the pause. It is understood here that at a certain moment, it must stop. It is not merely a time for a shot, or a time for a break; it is a breath, a look towards an aspiration, an aspiration for something else, something as indescribable as a pause. Time is not merely a sweat. The intoxicating chronology of time refers to a mythology where Chronos devours his children with ferocity.

But here, at the exact opposite, arises the question of this time that takes the time of time, the time that passes, the time to sit, to take a tranquil look at a serene and untroubled existence. In a word, what is this passage that does not feel obliged to carry itself towards the intoxicating frenzy of the age? To Chronos, the devourer of children, the Greeks proposed the gentle scholè, the uninstrumentalized time, the otium, venerated by Montaigne. The scholè is a useless time, the time of wandering, of returning to oneself, of introspection, of meticulous examination of things.

BBY is the photographer of the scholè, of the otium, of the non-obligatory passage to a world far too fast to appreciate its exquisite exaltation at its true value. This pause celebrated by scholè remains a powerful revealer of what human condition is, in its extreme humility. Humility is sometimes a pact with a vanity that does not dare to display its rags. Humility is also sometimes a sign of a painful renunciation, a way of no longer appearing in the world. None of that here! The scholè reveals a sort of warrior and peaceful humility. A pause that presents itself as a shameless way to assert oneself in the world, in the right measure of what must be, without embellishment. For BBY, the pause becomes the warrior energy of tranquility, the serene power of an existence free of troubles and fully embraced.

Beyond the words that can always distort the reality of the world, BBY's images paint the portrait of a world driven by the affirmation of an endearing individuality. For time refers to what could constitute the very foundation of being. The melody of time plays like the heartbeat of an accomplished existence. In sum, for BBY, the pause resonates as a tempo sufficiently developed to return us to the eternal question of why our existence.

The GonZo Man

Supports

Black and white prints on baryta silver paper from file
Dimensions from 70 x 105 cm to 30 x 45 cm
Finishing: Mounting on Dibon